AHMEDABAD - Cacophonie bigarrée et mouvementée!
Ville poussiéreuse et chaotique, colorée et (très) animée, Ahmedabad ne fait clairement pas partie des destinations prisées et recommandées.
Comme toutes grosses villes indiennes, elle joue avec les nerfs et les émotions.
Elle fatigue beaucoup, mais elle offre également de nombreuses surprises.
Bonnes comme mauvaises, il faut le dire, mais du coup les bonnes sont encore plus appréciable! 😜
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Bienvenue à Ahmedabad! |
Pour notre petit séjour ici, nous avons trouvé un hôtel à 5 min du centre historique de la ville. Pratique!
Pas spécialement joli, mais propre, avec même une vue sur des arbres svp! (on a toujours peur de se retrouver face à un mur ici, ce qui arrive souvent. Sur Booking, les photos ne montrent jamais la chambre avec les rideaux ouverts, ce qui ne rassure vraiment pas...)
On est donc très content et, bonus, nous avons même droit à un petit buffet-déjeuné.
La petite salle toute glaucasse dans lequel il était servi n’avait vraiment rien d’agréable.
Mais, et c’est pour ça que je vous en parle, cette première approche de la cuisine gujaratie s’est avérée être une petite révélation! (et moi qui ai failli ne prendre que de la pastèque!)
On découvre le Poha, du riz battu, cuit et aromatisé (ici saupoudré de petits chips sev), plusieurs "sauces" (un dhal et un chutney coco), des mini Puris (des petits pains plats et frits), les fameux Doklas (une spécialité toute gujaratie justement - des sortes de petits cakes de farine fermentée), ici grillés, et, le petit truc en forme de poire que nous n'avons pas su identifié, mais qui était tout aussi, si pas plus délicieux!
Le Gujarat, c’est l’état indien avec le pourcentage le plus élevé de végétariens, dont une très importante communauté Jaïn, adeptes d’un régime alimentaire vegan extrêmement strict.
Une des nombreuses raisons qui nous avaient donné envie de venir dans cet état justement.
Nous avons donc été surpris de voir autant de vendeurs de poulets dans notre quartier!
Des restos « Chiken Biryiani » partout et de nombreuses chèvres dans les rues, attendant de passer à a casserole…
C’était bien évidemment sans penser que la ville où nous avons fait halte n’était peut-être pas la plus représentative, culinairement parlant… (quoi que?)
Le Gujarat est un état fortement végétarien certes, mais c’est aussi un état avec beaucoup de musulmans. N’oublions pas qu’il se trouve juste à côté du Pakistan et l’histoire de la ville nous démontre bien à quel point l’Islam en fait partie, à commencer par son nom, tout simplement!
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"ALLAH" |
Ahmedabad - La Ville d'Ahmed
Avant de devenir Ahmedabad, la ville s’appelait Karnavati, alors sous la dynastie des Chaulukya (entre 940 et 1244 ap JC). Une dynastie majoritairement hindoue (shivaïte) et Jaïn aussi selon les différents empereurs qui s'y sont succédé.
C’est au 14e siècle que tout change, alors que le sultanat de Delhi prend le contrôle de la région. C’est la grande époque des conquérants mogols en Inde!
En 1391, Zafar Khan Muzaffar devient gouverneur du Gujarat et s’auto proclame Sultan en 1407, sous le nouveau nom de Muzaffar Shah I. Il créé ainsi la nouvelle dynastie des Muzaffarid et c’est sous cette dynastie que l’histoire de la ville va prendre un tout nouveau tournant.
L’Ahmedbad d’aujourd’hui - « La ville d’Ahmed » - fut créée en 1411, par le petit fils de Muzaffar Shah I, Ahmed Sha I. C'est lui qui initie les premiers grands travaux de sa nouvelle capitale, juste à côté de la vieille Karnavati, le long de la rivière Sabarmati.
La ville restera sous domination mogole jusqu’en 1758, date à laquelle ces derniers cèdent la ville aux Marathes (leur grand ennemi hindou!) jusqu’à ce que finalement les Anglais s’en mêlent et en prennent le contrôle en 1818.
Après le départ des colons et la terrible partition du pays en 1947, Ahmedabad devient la capitale du nouvel état du Gujarat en 1960 et ce jusqu’en 1970.
Aujourd’hui, la capitale de l’état est Gandhinagar, mais Ahmedabad reste la ville la plus importante en thermes de taille et d’histoire.
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Badsha Ka Hazira - Dans le mausolée d'Ahmed Shah 1er, le premier Sultan de la ville |
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Et ici, le Fort Bhadra - la première construction de la ville commandité par Ahmed Shah 1er |
Nous sommes restés trois jours à Ahmedabad - trois jours intenses (à l’image du pays), en alternant donc entre vieux quartiers jaïns, hindous et musulmans, dans une ambiance tantôt extrêmement bruyante et agitée, tantôt calme et presque paisible (presque) !
C’est à pied (comme toujours) que nous avons découvert la ville, sans vraiment savoir où nous allions. C’est d’ailleurs, à notre sens, la meilleure façon de visiter un endroit - au feeling!
Nous tapons le nom d’un lieu dans Google Map et nous nous dirigeons vers celui-ci en slalomant à droite à gauche selon les envies et les découvertes. Un parc par-ci, un snack par là, une petite rue colorée, un rayon de soleil…
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Le petit quartier hindou, derrière la Mosquée d'Ahmed Shah, est particulièrement charmant! |
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Impossible de s'ennuyer dans les ruelles autour de Manek Chowk! |
Très vite, nous avons fait le tour des monuments phares et emblématiques de la cité, tous plus ou moins proche de la place Manek - Manek Chowk.
Le Fort Bhadra, la Mosquée d’Ahmed Shah, la plus vieille, celle de Sidhi Saiyyed, la plus connue et la mosquée du vendredi, la plus grande, la Jama Masjid.
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Le moucharabieh le plus célèbre d'Inde, sur la petite mosquée Siddi Sayyed, devenu avec les années l'emblème de la ville! |
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La mosquée du Vendredi, la Jama Masjid, au couché du soleil |
Dans la vieille ville et tout autour, les axes principaux, même étroits, sont envahis de monde et surtout de scooters klaxonnant et autres rickshaws serpentants à toutes allures! Les places sont bondées, saturées de monde et d’étales où se mêle nourritures variées, textiles en tout genre et babioles diverses et colorées.
Pas de répit, sauf un peu la nuit et tôt le matin. Il faut être sur ces gardes, les sens constamment en éveil.
Les gens nous regardent, plus ou moins surpris, toujours curieux. Je me cache dans mes voiles et remercie Xa d’être devenu presque aussi, si pas plus visible que moi! (le crâne tout tatoué, ça aide 😅)
Le bruit constant, la saleté, la foule et les odeurs… C’est oppressant (plus ou moins selon les moments). Heureusement, les nombreux sourires que nous recevons nous font vite oublier ces désagréments.
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Du monde vous avez-dit?! Oh à peine...! 😝 |
De bazar en bazar, nous nous sommes rendu du côté de la rivière Sabarmati, hors de l’agitation frénétique du centre.
Nous y découvrons le Sabarmati River Front development project. Un réaménagement de l'espace urbain qui nous laisse, une fois encore, emplis d’une grande perplexité…
Ils ont mis le paquet ici et ont dû dépenser un pognon monstre! Mais pour quoi au final? On se le demande... (quand on pense aux gens qui n’ont même pas encore accès à de simples w.c.)
Ceci dis, comme c’était très calme, ce fut, comment dire… appréciable 😅
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Le Pont d'Atal, un pont payant... concept 😐 |
On se balade au milieu des oiseaux, très nombreux ici et on tombe même sur une colonie de chauves-souris géantes!
Malheureusement, et comme souvent en Inde, les parcs ferment sur le temps de midi. Encore une frustrante aberration…
Cela nous a néanmoins permis de faire une pause bien méritée chez NRI, tester un falooda pour moi et une glace au safran pour Xa!
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Lokmanya Tilak Garden |
Ah le calme, c’est un véritable luxe ici qui nous fait savourer encore plus ces précieux moments. Au fond d’un vieux pol*, dans la cour d’une mosquée, sur le toit d’un temple ou dans un petit restaurant justement..! (*Les Pols, une spécificité urbanistique de la ville - on vous en reparle plus bas!)
Car pour manger, là par contre, il y a l’embarras du choix, comme toujours!
On découvre plein de nouveautés, toutes plus délicieuses les unes que les autres!
Tellement, que je compte bien faire un article dédié (un jour InchAllah) 😅
Maintenant que nous pouvons prétendre à plutôt bien connaître la (les) cuisine(s) indienne(s), c’est encore plus agréable d’en découvrir les spécialités régionales et toutes leurs spécificités!
C’est d’ailleurs à la recherche de celles-ci et dans l’espoir de trouver un peu de calme justement, que nous sommes tombés sur une pépite: The Green House.
Un restaurant assez très chic, au cadre particulièrement agréable, à deux pas de chez nous, proposant une cuisine végétarienne gujaratie de haute qualité. Adjugé!
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De retour dans le centre, après une réservation de tickets de trains des plus sportives - sans commentaire -, on découvre d’autres « pépites », les fameux Pols!
Le mot "Pol" dérive du sanskrit "Pratoli", qui signifierait « entrée de portes fermées »
Il s'agit justement de vieux quartiers en cul sac, où se cachent d’anciennes maisons de bois aux sculptures extrêmement détaillées! Il y règne un calme presque déconcertant, à l’abri de brouhaha de la ville.
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Au cœur d'un Pol, les enfants jouent, les gens se retrouvent, se connaissent... Il y a souvent un temple et il y fait bien plus calme que dans les autres rues! |
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On y trouvent encore, parfois, de vieux colombiers! |
Ces vieilles bâtisses tombent malheureusement en ruines, n’émouvant au final que les quelques touristes étrangers qui passent devant (autrement dit, pratiquement personne!)
C’est toujours le même constat face à ces trésors architecturaux, à croire qu’il y en a trop! Elles sont pourtant numérotées, « étiquetées » et tout l’ensemble est classé au patrimoine mondial de l’Unesco (ce qui, entre nous, ne semble plus vouloir dire grand-chose au final…)
En attendant d’importantes (et urgentes) rénovations, les maisons disparaissent doucement, emportant leurs secrets et tout un pan d’histoire avec elles…
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Franchement, c'est rare de tomber sur des boiseries aussi finement sculptées! |
Il y en avait un peu partout dans notre quartier, déchirés, poussiéreux...
De magnifiques tissus, représentant différentes divinités, imprimés à la main (avec des blocs de bois taillé). Franchement, on en avait rarement vu d'aussi beaux.
Le lendemain, nous passons toquer à la porte d’une très modeste et minuscule maison. Un homme nous ouvre, surpris. Il ne parle pas anglais, son fils quelques mots seulement. On comprend qu’il s’agit d’un trésor familial. C’est le grand-père qui les imprimait. Ils nous montrent fièrement un prix qu'il avait reçu, démontrant toute la valeur de se savoir faire ancestral.
Ahmedabad, c’était intense, c’était bruyant, c’était fatiguant!
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